90% de part de marché en maisons neuves, 80% en collectif neuf, 2 millions de pac vendues par an en 2050, toutes techniques confondues, … l’AFPAC est très optimiste, au prix de quelques non-dits.
Le 10 mai, l’Association Française pour les Pompes à Chaleur (AFPAC) a dévoilé une perspective à l’horizon 2050 concernant le marché des pompes à chaleur. Il est important de noter qu’il ne s’agissait pas d’une prédiction de marché, mais plutôt d’un exercice de prospective. Cette initiative a été lancée en réponse à une demande du Ministère de la Transition Écologique, qui cherchait des informations dans le cadre de la préparation de la Stratégie Française sur l’Énergie et le Climat (SFEC).
En substance, le ministère souhaitait comprendre si, compte tenu des projections de croissance des pompes à chaleur à l’échelle européenne et française, amplifiées par la stratégie REPowerEU et les événements en cours, notamment la situation en Ukraine, l’industrie des pompes à chaleur serait en mesure de répondre aux besoins, de quelle manière, et en utilisant quelles technologies
Petit rappel de l’historique des ventes
L’AFPAC a constitué un groupe de travail interne pour aborder cette question. Le 10 mai, la présentation des premiers résultats de ces travaux a débuté par une rétrospective des ventes passées de pompes à chaleur, présentée par François Deroche, le président de l’AFPAC
Depuis une petite cinquantaine d’années, les ventes de pac ont étroitement épousé la générosité des aides financières publiques. La montée des ventes des pac a commencé dans les années 80 avec l’opération « Perche » (Pompe à chaleur en relève de chaudière) d’EDF. Les ventes sont retombées quand cette opération s’est arrêtée. Elles ont repris grâce à de première aides publiques sous forme de crédit d’impôt pour l’installation de pac : 15% en 2000, puis 50% en 2006 avec extension aux pac air/air. Les ventes annuelles ont baissé dès 2009 avec la réduction du crédit d’impôt et sa suppression pour les pac air/air. Elles sont reparties en 2014 avec la remontée du crédit d’impôt à 30% et le développement des CEE, avant d’exploser en 2018 avec des aides plus généreuses et en 2019 grâce au « Coup de Pouce » chauffage. ©AFPAC
Les différentes études
L’étude prend en considération à la fois les nouveaux projets de construction et la rénovation des bâtiments, en se concentrant sur quatre segments de marché : le résidentiel individuel, le chauffage individuel dans les logements collectifs, le chauffage centralisé dans les logements collectifs et le secteur tertiaire.
Ensuite, les 28 prochaines années, de 2022 à 2050, ont été divisées en plusieurs périodes pour prendre en compte les évolutions réglementaires anticipées, à l’exception des modifications prévues pour le Règlement F-Gaz et Reach.
Cependant, selon notre point de vue, le principal inconvénient de cette étude prospective réside dans le maintien supposé des aides publiques à un niveau élevé jusqu’en 2050, et il sous-estime probablement le potentiel des autres solutions de chauffage décarboné possibles, telles que le solaire thermique, le chauffage au bois et les réseaux de chaleur.
D’autres hypothèses ont été prises en compte pour élaborer cette perspective, notamment :
La construction de 378 000 logements neufs par an.
La rénovation de 1 000 000 de logements par an d’ici 2030, puis de 800 000 logements à partir de 2031.
La construction de 150 millions de mètres carrés de bâtiments tertiaires d’ici 2050.
La rénovation de 3% du parc tertiaire existant chaque année. Une durée de vie estimée à 17 ans pour les systèmes de chauffage dans les maisons individuelles, 22 ans pour les logements collectifs avec chauffage centralisé (systèmes de chauffage central en chaufferie) et 22 ans dans le secteur tertiaire.
Des perspectives très favorables aux pompes à chaleur
Voici une récapitulation des parts de marché actuelles des systèmes de pompes à chaleur (PAC), basée sur les données de vente pour les années 2019, 2020 et 2021. Les graphiques ci-dessous illustrent la répartition des parts de marché des PAC en 2021 dans divers segments de l’industrie
Malgré le scepticisme généralisé et en tablant sur une forte croissance du biogaz, l’AFPAC envisage même une augmentation progressive de la part de marché des PAC hybrides, atteignant ainsi 10% du marché des PAC air/eau pour les maisons individuelles d’ici 2050.
Dans l’ensemble, les systèmes de PAC devraient conquérir une part de marché de 90% dans le chauffage des maisons individuelles neuves dès 2032, et maintenir ce niveau jusqu’en 2050. Cela devrait porter la part de marché totale des PAC à 91% pour les maisons individuelles, qu’il s’agisse de constructions neuves ou de rénovations.
Selon les prévisions prospectives, la vente de 26 000 PAC en chaufferie par an est anticipée en 2050, en incluant à la fois les PAC air/eau et géothermiques centralisées en chaufferie, ainsi que les PAC air/air centralisées (comme les DRV) dans le contexte de logements collectifs.
La part de marché prévue pour les PAC centralisées dans les logements collectifs devrait atteindre 75% dans les nouvelles constructions en 2050, mais s’établir à 60% au total. L’AFPAC estime que leur adoption sera plus lente en rénovation en raison de défis techniques plus complexes.
Pour ce qui est des logements collectifs avec chauffage individuel, l’AFPAC envisage la vente de 250 000 PAC par an en 2050, avec une part de marché de 80% dans les nouvelles constructions et de seulement 60% en rénovation des systèmes de chauffage individuel existants, qu’il s’agisse du remplacement de chaudières murales au gaz ou du chauffage électrique direct par effet Joule.
Les technologies envisagées pour ce segment comprennent les PAC air/air, en supposant que la question de l’intégration harmonieuse des unités extérieures soit résolue, ainsi que les PAC sur boucle d’eau, avec une unité par logement et une boucle d’eau collective pour l’ensemble du bâtiment.
Source : batirama.com